[Le joyau du Bouddha]Ceux que conseille le Tathagata entrent [d’abord] dans son refuge. Confiants en l’ordre naturel des choses, ils vont ensuite dans le refuge du dharma et de la communauté. C’est pourquoi la première stance concerne le joyau du Bouddha : 4. Qu’est-il montré dans cette stance ? 5. Ces vers décrivent brièvement la bouddhéité pourvue de ses huit qualités. Quelles sont-elles ? 1) Le non-conditionnement 2) La spontanéité 3) La claire réalisation, indépendante de conditions extérieures 4) La sagesse primordiale 5) La compassion 6) Les pouvoirs 7) La perfection du bien propre 8) La perfection du bien d’autrui 6. 7. 8. 1. On entendra « inconditionnée » comme l’opposé de « conditionnée », qui fait référence à ce pour quoi la naissance, la durée et la destruction sont connues. Dépourvue de ces [trois] aspects, la bouddhéité sans début, ni durée, ni fin, est inconditionnée et sera vue distinctement comme le corps de réalité. 2. Elle est spontanément présente car toutes les élaborations conceptuelles et les pensées discursives y sont apaisées. 3. L’état de Bouddha étant réalisé par la sagesse primordiale née d’elle-même, il ne l’est pas par des conditions autres. La « réalisation » est ici une « réalisation manifestée », et non une « [réalisation] produite ». Puisqu’il en est ainsi, malgré ses caractéristiques de non-conditionnement et de non-activité, le Tathagata est spontanément engagé jusqu’à la fin du cycle, sans efforts et sans interruption, dans tous les actes d’un bouddha. 4. 5 et 6. Le Bouddha, sans enseignant et sans en avoir entendu parler par autrui, s’est pleinement éveillé de lui-même à l’indicible nature, à l’inconcevable et merveilleuse sphère de la bouddhéité, au moyen de la sagesse née d’elle-même. Il a ensuite indiqué la voie de la réalisation afin que les aveugles coupés de la compréhension parviennent à son accomplissement. Ainsi possède-t-il la compassion et la sagesse insurpassables. Cette voie est celle de l’absence de peur car elle transcende le monde : étant au-delà du monde, elle est sans régression. Les exemples de l’épée et du vajra montrent respectivement la capacité de la sagesse primordiale et de la compassion du Tathagata à détruire les racines de la souffrance et des perturbations d’autrui. Les racines de la souffrance se résument à l’établissement des noms et des formes2C’est-à-dire les cinq agrégats, quatrième des douze liens de la coproduction conditionnée., selon les circonstances, dans les [trois mondes] d’existence. Les perturbations dont il faut se défaire, accumulées par les vueset le doute, sont difficiles à connaître ou à pénétrer par une réalisation mondaine ; en voyant qu’elles ressemblent à un muraille couverte d’une épaisse végétation qu’il est nécessaire d’éradiquer, on comprendra que la sagesse et la compassion du Tathagata sont illustrées par l’exemple du vajra car elles ont le pouvoir de détruire ce mur. En bref, les six qualités du Tathagata dont il est question ici seront connues séparément dans le détail, sous tous leurs aspects et dans l’ordre où elles sont présentées, d’après le Soutra de l’Ornement des apparences de la sagesse première qui pénètre les domaines de tous les bouddhas, qui déclare :
[Dans ce texte], il y a tout d’abord ce passage qui présente la « caractéristique de non-conditionnement du Tathagata » ; viennent ensuite neuf exemples dont le premier est celui du reflet du visage d’Indra sur les quatre faces immaculées d’une pierre de lapis-lazuli. Concernant le sens de ces exemples, il est dit :
Ceci et la suite forment l’explication du terme « sérénité » et montrent qu’en raison de l’apaisement dans ses propres actes de la pensée discursive et de toutes les élaborations, le Tathagata est la spontanéité même. La suite du texte présente des exemples qui montrent que l’ainsité de tous les phénomènes est le moyen d’accès au parfait éveil manifeste, qui n’est pas réalisé par d’autres conditions. Puis, après l’explication des seize aspects de l’éveil d’un Tathagata, [le texte poursuit] :
Ce passage décrit la sagesse primordiale et la compassion du Tathagata ; l’expression « nature telle quelle de tous les phénomènes » signifie précisément « en essence irréels » ; « pleinement éveillé » signifie « sachant parfaitement au moyen de la sagesse primordiale non conceptuelle du Bouddha que cela est tel quel ». « Les vivants » est une référence à ceux qui sont « certains », « indécis », et à d’autres « qui tiennent pour vrai ce qui est faux ». « Étendue de la réalité » signifie « essence de Tathagata indifférenciée de la nature de sa propre réalité5C’est à dire de la réalité du Bouddha: impure, souillée ou «défectueuse», la nature ne change pas.». « Il a vu » signifie « voyant tous les aspects avec son œil de bohttps://buddhanature.fr/?page_id=263https://buddhanature.fr/?page_id=263uddha libre de voiles ». Le « déploiement » est varié car [la grande compassion] s’engage à établir les multiples approches et méthodes d’orientations [des êtres]. Après cela, il a mis en œuvre la compassion et la sagesse primordiale insurpassables puis fait tourner la roue de la doctrine sans égale : on connaîtra cette œuvre continuelle et bien menée au moyen de ces deux (sagesse et compassion) comme le pouvoir d’agir pour le bonheur d’autrui. 7. et 8. Ainsi, si l’on envisage dans l’ordre les six qualités du Tathagata, les trois premières – le non-conditionnement et les autres – sont l’excellence du bien propre, et les trois suivantes – la sagesse primordiale et les suivantes – la perfection du bien d’autrui. Alternativement, on enseigne aussi que le bien propre est accompli par la sagesse primordiale – fondement suprême de la permanence et de la quiétude, qualités résidentes de sa propre plénitude – et que le bien d’autrui est parachevé par la compassion et les pouvoirs, vertus qui entraînent [la mise en mouvement] de la grande roue de la doctrine [Le joyau du Dharma]Puisqu’il provient du joyau du Bouddha, nous avons à présent une stance sur le joyau du dharma. 9. Qu’est-il montré dans cette stance ? 10. Cette stance expose sommairement le joyau du dharma par ses huit qualités. Quelles sont-elles ? 1) L’inconcevabilité 2) L’absence de dualité 3) L’absence de concepts 4) La pureté 5) La parfaite clarté 6) Il est un remède 7) Il est libéré du désir-attachement 8) Il est la cause de la libération du désir-attachement 11. De ces six qualités considérées dans cet ordre, les trois premières, l’inconcevabilité, l’absence de dualité et l’absence de concepts, expliquent la vérité de la cessation que l’on connaîtra donc comme la libération du désir-attachement. 12. [La vérité de la cessation]On saura en bref que la vérité de la cessation est inconcevable pour trois raisons. Quelles sont-elles ? 1. Inconcevable, car elle n’est pas du domaine de la logique, même selon les quatre aspects source de non-existence, existence, à la fois existence et non-existence, ni existence ni non-existence simultanées. 2. Inconcevable, car elle ne peut être dite par les sons, la voix, les conversations, les objets du verbe, l’étymologie, les symboles, les désignations, et les expressions. 3. [Inconcevable] car elle relève de l’intuition personnelle des êtres nobles. Dès lors, comment connaître l’absence de dualité et de concepts de la vérité de la cessation ? Le Victorieux l’a enseignée ainsi [dans l’Enseignement de la non-diminution et non augmentation]:
Ici, dualité signifie « actes et perturbations ». Les concepts sont « l’activité mentale aberrante, source des actes et des perturbations ». Par l’expérience individuelle de la cessation naturelle selon le mode de l’absence d’engagement discursif et duel, [on réalise] que l’origine de la souffrance n’existe définitivement pas. Telle est la vérité de la cessation de la souffrance et il n’est pas enseigné qu’elle est la destruction de quelque phénomène que ce soit. Il est dit [dans le Soutra de l’ornement de la lumière de sagesse première pénétrant le domaine de tous les bouddhas] :
De plus, il est dit [dans le Rugissement de lion de la princesse Srimala] :
La présentation de la vérité de la cessation de la souffrance sera considérée dans le détail selon l’enseignement des soutras. |