Commentaire de la continuité sublime – ch.3

Commentaire de la continuité sublime – ch.3

 

Chapitre 3 – les qualités

 

Ce qui précède est l’explication de l’ainsité non-souillée. Présentons maintenant les attributs dont elle est le support, les qualités parfaitement immaculées indivisibles par nature, comme sont inséparables du joyau sa lumière, sa couleur et sa forme.

Tout d’abord, une stance sur la classification des qualités du Bouddha :

1
Les bienfaits pour soi-même et autrui
Sont le corps ultime et les corps apparents dont il est le support.
Fruits de la séparation et de la pleine maturation,
Ils se distinguent par soixante quatre qualités.

Que montre cette stance ?

2
Le corps de sens ultime
Est la base des acquis pour soi-même,
Le corps symbolique des sages
Est la base d’abondance pour autrui.

3
Le premier corps est riche des forces et autres,
Les qualités de la séparation,
Le second possède les marques d’un grand être,
Les qualités de pleine maturation.

Le texte qui suit traite « des forces et autres» et de la manière dont on doit les comprendre.

4
Les forces sont tel un vajra qui fend le voile de l’ignorance ;
L’absence de peur parmi une assemblée est [celle du] lion.
Les [qualités] exclusives du Tathagata ressemblent à l’espace,
Les deux aspects révélés1(Tib: thub pa’i bstan pa rnam gnyis). Au sens de ce qui est montré à seule fin d’enseigner (ceci fait référence aux deux corps de formes) du Puissant sont telle une lune sur l’eau.

[Les dix forces]

[au sujet de] « est riche les forces… » :

5
[Connaître] les actes appropriés et inappropriés,
Leur maturation, les facultés,
6
Les tempéraments, les aspirations,
Tous les chemins, les méditations
Souillées et immaculées, etc..
[Avoir] le souvenir des résidences [passées],
L’œil divin et la paix,
Tels sont les dix aspects des forces de l’omniscience.

[au sujet de] « semblables au vajra… » :

7
La connaissance de ce qui est approprié ou pas, de la maturation, des tempéraments, des destinées, des aspirations diverses,
De ce qui est souillé et immaculé et de l’ensemble des facultés ; le souvenir des résidences anciennes,
La vision divine et les moyens d’éliminer toute souillure,
Sont les forces pareilles au diamant, qui percent les armures, détruisent les remparts et coupent l’arbre de l’ignorance.

[Les quatre absences de peur]

« L’obtention des quatre absences de peur »

8
S’éveiller complètement à tous les phénomènes,
Mettre un terme aux obstacles,
Enseigner la voie et montrer la cessation :
Telles sont les quatre absences de peur.

9
Puisqu’il connaît et fait connaître tous les aspects du connaissable qui doivent être connus par soi-même et autrui,
Puisqu’il a abandonné et fait abandonner toutes les choses à abandonner, et qu’il s’est appuyé sur ce qui est appui,
Puisqu’il a obtenu et fait obtenir l’incomparable [état] dépourvu de souillures qui est à obtenir,
Puisqu’il a enseigné la vérité son bien propre et celui d’autrui, le Sage est sans obstacles2Le sanskrit indique « n’est pas paralysé par la peur.

[au sujet de] « est celle d’un lion… » :


10
Le roi des animaux vagabonde sans peur aux confins des forêts
Sans jamais redouter les [autres] animaux.
De même en assemblée, le Puissant souverain demeure tel un lion,
Doté des pouvoirs de l’aisance, de l’indépendance et de la stabilité.

[Les dix-huit qualités exclusives du Bouddha]

« La dotation des dix huit qualités exclusives du Bouddha » :

11
Le maître est sans erreur, sans bavardages,
Sa mémoire est infaillible,
12
L’égalité de son esprit sans défaut ;
Et il est dépourvu de toutes les notions.
Sans équanimité irréfléchie ;
Son aspiration, son ardeur, sa mémoire,
Son discernement, sa délivrance,
Et la vision de sa sagesse primordiale libérée sont sans déclin.

13
Cette sagesse précède ses actions,
À tout moment libre de voiles.
Telles sont avec d’autres,
Les dix-huit qualités exclusives du maître.

14
Sans erreur, ni bavardages, ni oubli, ni agitation, ni discrimination,
Naturellement équanime : tel est le Sage ! Son aspiration, son ardeur,
Sa mémoire, son discernement et sa libération immaculés,
Et sa sagesse primordiale libérée qui voit l’ensemble du connaissable, sont sans déclin.

15
Sa sagesse primordiale précède ses trois types d’actions,
Son vaste savoir opère sans entraves continûment dans les trois temps.
[En sa] complète réalisation, sans peur, il tourne pour le monde la grande roue de l’enseignement authentique :
Telle est la victoire pourvue de grande compassion, l’obtention des bouddhas.

[au sujet de] « semblables à l’espace… » :


16
La vraie nature de la terre et autres éléments n’est pas celle de l’espace,
Les attributs de l’espace, l’absence d’obstacles et les autres, ne sont pas ceux des formes.
La terre, l’eau, le feu, l’air, comme l’espace, sont communs à l’ensemble des mondes,
Mais il n’y a pas la moindre part des caractéristiques exclusives [du Maître] qui soit à ces mondes commune.

[Les trente deux marques]

Un corps pourvu des trente-deux marques d’un grand être

17
Ses pieds reposent fermement, sont marqués d’une roue ;
Son talon est large et ses chevilles imperceptibles,
Ses doigts sont longs, aux mains comme aux pieds
Reliés par une membrane.

18
Sa peau est douce, juvénile, charnue et parfaite,
Son corps a sept protubérances.
Ses jambes sont semblables à celles de l’antilope,
Et ses parties secrètes cachées dans un étui comme chez l’éléphant

19
Son torse ressemble à celui d’un lion,
Ses épaules sont larges et sans creux.
Leurs pointes sont élégantes, gracieusement arrondies,
Et ses bras doux possèdent des lignes courbes et régulières.

20
Ses bras sont longs et [son corps] pur
Baigne dans un cercle de lumière.
Son cou est immaculé comme la conque
Et ses joues sont pareilles à celles du roi des animaux.

21
Ses quarante dents également disposées,
Brillantes, bien alignées,
Parfaitement réparties,
Les canines sont d’une éclatante blancheur.

22
Sa langue est longue, et goûte la saveur suprême
Infinie et inconcevable.
L’Apparu de lui-même a la voix du kalavinka,
Sa mélodie est celle de Brahma.

23
Ses yeux ont la beauté d’un lotus bleu, ses cils sont tels ceux d’un taureau ;
Arborant une touffe blanche au milieu des sourcils, son beau visage est sans défauts.
Sa tête porte un ushnisha et sa peau pure et fine
A la couleur de l’or. Il est le suprême des vivants.

24
Chacun de ses poils est beau, fin et doux,
Bouclé vers la droite, dirigé vers le haut de son corps.
Ses cheveux impeccables sont d’un bleu profond, pareil à celui d’un joyau,
[Son corps] a des contours circulaires, pareils à ceux d’un parfait banyan.

25.
Le corps excellent et incomparable du Grand Sage,
Est solide et maîtrise la force de Narayana ;
De ces trente-deux [marques] inconcevables,
Le Maître dit qu’elles indiquent un souverain des hommes.

« Pareils au reflet de la lune sur l’eau » :

26
De même qu’en automne on aperçoit la forme de la lune
Dans un ciel sans nuages et sur l’eau bleue d’un lac,
Dans le mandala de parfaite pureté,
Le cercle des fils du Vainqueur perçoit l’image du souverain omniprésent.

Ainsi, les dix forces, les quatre absences de peur, les dix-huit qualités exclusives du Bouddha et les trente-deux marques d’un grand être, forment une seule somme égale à soixante-quatre.

27
Ces soixante-quatre qualités
Combinées à leurs causes
Seront connues dans l’ordre
Selon le RatnaDarika Sutra.

Les soixante-quatre qualités du Tathagata présentées ici doivent être connues selon l’ordre suivi par le RatnaDarika Sutra.
On connaîtra en bref [leurs quatre divisions] par les dix stances suivantes où elles sont illustrées respectivement par les analogies du vajra, du lion, de l’espace et du reflet de la lune sur l’eau.

28
Indivisibles, sans faiblesse,
Inégalables et immobiles,
Les qualités du Bouddha sont enseignées [par les analogies]
Du vajra, du lion, de l’espace, et du reflet de la lune sur l’eau pure.

29.
Parmi ces [dix] forces,
Six, trois, puis une, respectivement,
Ont dissipés [les obstacles à] la connaissance
A la stabilité méditative, et leurs imprégnations.

30
[Ces obstacles] sont tels une armure, un mur, un arbre.
Parce qu’ils percent, détruisent et tranchent,
Les pouvoirs des sages sont semblables au vajra :
Sûrs, essentiels, stables et indivisibles.

31
Pourquoi sont-ils sûrs ? Parce qu’ils sont essentiels.
Pourquoi sont-ils essentiels ? Parce qu’ils sont stables.
Pourquoi sont-ils stables ? Parce qu’ils sont indivisibles.
Indivisibles, ils sont comme un vajra.

32
Sans appréhension, indépendant,
Stable, de sublime capacité,
Le lion des vainqueurs est comme un lion,
Sans crainte au sein des assemblées.

33
Connaissant tout directement en toute circonstance,
Il est sans peur.
34
Voyant qu’il n’est pas égalé même par les être purs,
Il est indépendant.
L’esprit uniment absorbé en tous les phénomènes,
Il est stable.
Passé au-delà de la terre des empreintes de l’ultime ignorance,
Il est capable.

35
Les êtres ordinaires, les auditeurs, ceux qui pratiquent pour eux-mêmes,
Les sages, et les nés d’eux-mêmes,
Ont des niveaux d’intelligence de plus en plus subtils,
Montrés par cinq analogies :

36
Parce qu’ils maintiennent tous les mondes
Les [quatre premiers] sont semblables à la terre, à l’eau, au feu et au vent,
Transcendant les caractères mondains et supramondains,
[Les nés d’eux-mêmes] sont tel l’espace.

37
Ces trente-deux qualités
Sont inséparables du corps de réalité
Et le caractérisent.
Il est comme un précieux joyau indissociable de ses lumières, couleurs et formes.

38
Ces trente-deux qualités
Réjouissent celui qui en a la vision.
Elles s’appuient sur les deux corps,
D’émanation et d’expérience parfaite.

39
Ceux qui sont éloignés de la pureté et ceux qui en sont proches
Voient [ces deux corps] de manière différente :
Pareils au monde ou au mandala des vainqueurs,
Comme la lune [sur l’eau] ou la lune [en plein] ciel.

40
« Les qualités » : troisième chapitre du Traité de la continuité sublime du grand véhicule, analyse de la filiation des [trois] joyaux.